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jeudi 1 mai 2014

Célébrer le printemps


Le 21 décembre, le soleil se lève à 9h23 et se couche à 15h13 sur Helsinki. Sa course dans le ciel se limite à l’horizon. Le 21 juin, le soleil se lève à 3h54 pour se coucher à 22h50. Le sommeil du soleil est de courte durée. La ville s’endort donc pendant l’hiver pour s’éveiller brusquement pendant l’été. Une frénésie s’empare du pays. En ce moment même, la période de dormance tire à sa fin pour laisser place à la reviviscence. Avril et mai font un don de 5 minutes d’ensoleillement par jour. Plusieurs témoignages en font preuve. C’est à ce moment même de l’année qu’il fait bon d’être en Finlande.

Samedi 26 avril. Après avoir presque terminé la correction des travaux de mes étudiants de la session d’hiver, je pars me balader dans la ville. Si je connais bien de plus en plus les environs du Paciuksenkaari 13b, là où j’habite, vers l’est et vers le sud, le nord-ouest reste encore un mystère pour moi. Habitué de me déplacer à vitesse de vélo pendant les jours de la semaine, je m’offre la découverte contemplative de la marche. J’emprunte donc le sentier qui donne vers l’ouest derrière mon appartement.

Après les quelques premiers 100 mètres, je découvre un plan d’eau auprès duquel les gens marchent, courent, restent assis, prennent le temps de savourer le moment avec un enfant. Je décide alors de suivre ce cours d’eau vers le nord. Les poissons doivent s’y balader allègrement à en voir l’atmosphère qui règne. Des citoyens préparent leur jardin collectif. Une petite marina attend ses premiers pensionnaires de l’été. Des gens boivent un café. Un couple, comme on en voit plusieurs dans la ville, fait de la marche rapide avec ses bâtons de randonnée pédestre. Bref, la ville savoure les moments passés à l’extérieur au soleil, malgré un fond d’air frais, dans des espaces de nature.



Quiconque venant à Helsinki ne peut pas faire autrement que de constater que c’est le paradis des oiseaux, à cette période de l’année du moins. Au même moment où les crocus fleurissent et que les tulipes sortent langoureusement du sol, une journée ensoleillée ne peut se terminer sans que le son des oiseaux qui habitent la nature de la ville nous reste en gazouillis dans la tête. On peut y entendre les pies, les corneilles mantelées, les grands (très grands!) corbeaux, les choucas des tours ou les merles noirs. On y reconnait les mésanges noires, les pigeons, les moineaux domestiques, les goélands, argentés,  bruns et cendrés. On s’étonne surtout, en pleine ville, sur des plans d’eau ou à proximité, de reconnaitre le canard colvert, la bernache du Canada – oui oui, elle a été introduite! – et le cygne tuberculé, ce majestueux cygne blanc. Bref, une marche en pleine ville peut rapidement se transformer en contemplation de la nature.

Dimanche 27 avril. Pendant la période ensoleillée de l’année, la Finlande se réveille et se plonge dans une suite ininterrompue de festivals. Le jeudi précédant ce dimanche, je roule à vélo pour me rendre à l’université, comme à l’habitude. Arrêté à un feu rouge, j’attends patiemment mon tour. La publicité sur l’autobus fait son effet. Je remarque Angélique Kidjo. En arrivant à mon bureau, je m’empresse de faire mes petites recherches. C’est le festival April Jazz dans la ville voisine, Espoo. Angélique Kidjo s’y donne en spectacle le dimanche 27 avril. Certains d’entre vous connaissent l’énergie qui se dégage à l’écoute de ses chansons. J’ai eu la chance de voir son dernier spectacle à trois reprises. Mais là, à la suite de la sortie de son nouvel album, Eve, j’ai l’occasion en or de pouvoir assister à son tout nouveau spectacle à Espoo, à 30 minutes de vélo… Sur l’heure du midi, les billets sont achetés!

Le sourire aux lèvres, je pédale jusqu’à Espoo, m’assurant d’arriver à l’avance pour avoir une excellente place. Si vous ne le connaissez pas encore, je peux avoir mon côté groupie à mes heures… Parmi les dix premiers à entrer, je découvre d’autres amoureux des rythmes de Kidjo qui ont l’air tout aussi heureuses et heureux que moi d’être sur place. Nous arrivons si tôt que nous entendons à l’extérieur du chapiteau géant la fin de la répétition. Une Finlandaise, seule avec son pantalon turquoise, semble appréhender autant que moi le spectacle.

Nous entrons enfin! Je réussis à me dénicher une place en avant. J’aurai dansé fatigué comme disent les Béninois. Je connais suffisamment Angélique Kidjo pour savoir qu’elle fait toujours monter sur scènes une vingtaine de spectateurs pour danser à la fin du spectacle, et surtout, pour que chacun s’exécute un après l’autre en solo devant son percussionniste sénégalais qui tape comme un dieu, sur ses percussions! Je veux y être pour l’énergie emmagasinée pour les jours à venir. À la fin du spectacle, je vous jure que ma chemise ne connaissait plus le qualificatif sec! Et, je me suis fait des amies finlandaises qui ont également dansé fatiguées. La première, m’a invité à participer ce vendredi à un souper collectif sur la méditation avec un grand chef spirituel indien. La seconde, la dame au pantalon turquoise, avait visiblement besoin de reparler du spectacle avec moi. Si je ne connaissais jusqu’à maintenant que la timidité des Finlandais, le April Jazz et Angélique Kidjo m’ont officiellement annoncé la saison des festivités dans le pays.



Jeudi 1er mai. Hyvää Vappua! Au Québec, la Fête internationale des travailleurs ne soulève pas beaucoup de vagues. Elle s’est fait damer le pion par le Fête du Travail en septembre. En Finlande, le 1er mai est tout un évènement! Cette fête marque la fête des travailleurs, le passage vers la belle saison et la graduation de milliers d’étudiants. Une ambiance de Nouvel An règne dans les rues!


Avec tant de raisons pour fêter, les festivités commencent la veille à Helsinki. Un rassemblement monstre prend place autour d’une célèbre statue de femme nue, Havis Amanda. Dans le premier quart du XXe siècle, un étudiant serait monté sur la statue pour la couronner de son chapeau de graduation. Ce geste a déclenché une tradition qui perdure encore, un siècle plus tard. Les étudiants se préparent plusieurs semaines à l’avance en confectionnant une salopette remplie d’écussons qu’ils porteront le 30 avril et le 1er mai. Comme cela, ils peuvent boire à leur guise sans se soucier de se salir. Mais, détrompez-vous si vous croyez que ce n’est qu’une fête de jeunes… Si seulement les diplômés portent la salopette, les adultes se remémorent la belle époque estudiantine en portant leur casquette, parfois jaunie.



À 18h, lorsque vient le temps de couronner Havis Amanda et d’ouvrir officiellement les festivités du 1er mai, tout le monde se promène dans les rues en buvant du champagne ou du mousseux. Sauf les touristes qui n’ont pas prévu le coup… Un air de carnaval s’empare des rues. Toutes les tranches de la population sortent. Les enfants font péter des pétards et mangent de la réglisse. Les adultes boivent. D’autres chantent. En fait, l’alcool permet tout simplement aux Finnois de perdre leur timidité.







Une envie d'uriner commune.

Autant de consommateurs représentent une occasion inouïe de faire des affaires pour d’autres. Depuis mon arrivée, je ne vois pas d’itinérants dans les rues de la ville. En fait, presque pas. À ma grande surprise, une population au teint foncé, visiblement pas d’origine finlandaise, semble vivre dans la rue. Ces gens contrastent avec le physique des Finlandais. On m’a finalement appris qu’il s’agit de Roms de Roumanie. Cette population nomade quitte la Roumanie au printemps pour aller un peu partout en Europe pour vivre les jours plus chauds à l’extérieur du pays. Hier et aujourd’hui, ils étaient un peu partout dans les grands rassemblements. Avec une consigne de 0,15€ pour les petites canettes, celle sur les bouteilles de champagne en verre, aussi consignées, doit mériter le détour.



Le lendemain du couronnement de Havis Amanda, le 1er mai, c’est le jour du grand piquenique dans le parc Kaivopuisto. Familles et amis se rassemblent par milliers avec plats préparés, BBQ, tente-moustiquaire, nappe, divan, jeux et surtout, une boisson alcoolisée mousseuse! Je m’y rends avec Anna, une collègue grecque de l’université. Nous déambulons dans le parc en salivant devant tous ces festins. Elle m’assure que comme touristes, les Grecs nous auraient rapidement invités à boire et à manger. À observer toutes ces scènes, je me sens comme un reporter sur les heures de travail. J’ai envie de boire! Anna et moi trouvons finalement un petit restaurant où savourer nos bulles. Exquises, elles m’attendaient depuis hier!

Havis Amanda en lendemain de veille. 


C'est parfois difficile de boire... 






Définitivement, mon coup de coeur! 



2 commentaires:

  1. Vraiment chouette, ces festivités! Sais-tu pourquoi les bulles sont davantage bues que d'autres boissons? En Belgique, il n'y avait pas vraiment de question à se poser :-)

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    1. En fait, la bière est TRÈS taxée ici. Le vin coute moins cher. Peut-être qu'entre les bulles et la bière, pour la différence de prix, on y va avec le glamour! Mais, ce ne sont que des spéculations... ; )

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