Une vue de la Finlande

Samedi 12 avril. Je suis à l’aéroport. Comme plusieurs voyageurs, je perds mon temps dans les boutiques pour que se rapproche l’heure de mon départ. Devant les rayons, je choisis une revue et un livre avant que tous les étalages soient dans une langue qui m’est étrangère. Un peu plus loin, des carnets vides aux couleurs de Montréal. Je n’avais pas encore acheté mon carnet de voyage. Mais, des récits de voyage écrits dans un objet arborant notre stade olympique, ça ne m’apparait pas romantique. Voici donc. À la demande de ceux qui m’ont déjà lu en Asie et en Afrique, je réitère finalement. L’informatique l’emportera sur le papier, pour vous!

Dimanche 13 avril. Après une brève escale à Londres où je contemple le gazon verdoyant, mon avion se pose en Scandinavie. C’est ma première fois. En descendant sur le tarmac, rien de la chaleur exotique des pays du Sud. Non, la décision d’apporter mon manteau d’hiver était la bonne. Le ciel bas laisse planer quelque 5°C.

Ma première mission, après avoir rapidement récupéré mes bagages, consiste à me rendre à mon appartement de location pour 18h30. Ne voulant pas sacrifier 50€ pour un taxi, je sors l’itinéraire en bus qui me coutera que 5€. Je sors de l’aéroport. Je me compte chanceux, car ici, tout est écrit en finnois… et en anglais. Un couple aux yeux bleus m’aide à acheter mon premier billet et hop, en route vers le centre-ville. Arrivé à la gare centrale, je traine mon sac de voyage, ma valise à roulettes, mon sac à dos et ma raquette de badminton, bref, mes 40 kg. Je traverse la gare pour prendre le deuxième autobus, la 270. Tout va bien!

Je m’assois dans le deuxième autobus, juste à côté des places réservées aux poussettes. Car en Finlande, on attache sa poussette à une rampe spéciale et on peut aller s’assoir, bébé est sécurisé! Si je ne me reconnais pas dans la ville, je sais que le départ est à 18h02 et ma station d’arrêt à 18h22. Le chauffeur, très peu loquace, n’est d’aucune aide. À 18h22, je ne vois pas d’arrêt qui ressemble à ce qui est écrit sur mon papier, Elielinaukio. Je vais donc voir le chauffeur qui me sert le même regard, encore plus impassible qu’une brique. Je reviens à l’arrière pour sortir au prochain arrêt quand une dame dans la soixantaine m’offre son aide. Après avoir vu l’adresse où je me rends, elle se met à me gronder voix mielleuse. « Always take a taxi from the airport first time! »

La bonne Finlandaise me demande alors de descendre avec elle dans deux arrêts. Elle va directement au dépanneur m’appeler un taxi. Pendant ce temps, il est déjà 18h33 et j’ai rendez-vous avec Venla, à qui je loue l’appartement, à 18h30… Je ne sais pas si je suis à Laval, alors que je devrais être à Longueuil. Au pire, je lui inventerai une histoire de valises… Elle me demande si j’ai le téléphone de la personne chez qui je me rends. Oui oui! Elle l’appelle et commence à lui raconter des histoires en finnois. Je n’y comprends rien; aucune racine avec une langue que je comprends. Je sais tout de suite qu’elle lui explique tout. Je devrai piler sur mon orgueil et oublier la fausse histoire de valise… Lorsque j’entre dans le taxi, elle me demande d’où je viens. « Canada, french part of Canada, Quebec! » Elle m’envoie la main tout sourire. « Auwrevoir, bonjouur, ammour! »

Le taxi me réclame finalement 21€ bien investis lorsqu’il me dépose au Paciuksenkaari 13B. Sous l’odeur des conifères, je me rends enfin à mon appartement. Venla est là et m’attend radieuse. Typiquement, elle a les yeux bleus et les cheveux blonds. Elle prend le temps de me présenter mon nouvel appartement, me confie les clés et me souhaite la bienvenue. Ma journée se terminera dans une pièce inédite, un sauna dans la salle de bain. Quel moment de détente apprécié! Je suis enfin rendu.

Durant les prochaines semaines, j’espère pouvoir vous offrir, à travers mes aventures, le portrait d’un autre pays nordique, Une vue de la Finlande, la mienne!

Jean-Philippe