Mardi 15 avril. Ma présence en Finlande
s’explique par la tenue d’un stage de recherche réalisé dans le cadre de mon
doctorat. Un peu moins de 48 heures après mon arrivée, je me lève alors en
prévision de mon premier rendez-vous officiel, à 13h, avec la Pr Uitto à
l’Université de Helsinki. Je me prépare et tente de camoufler le décalage
horaire dans mon visage en faisant des étirements des yeux et de la mâchoire
devant le miroir. Quelques sourires à moi-même en guise d’exercice. Allez hop!
J’arrive à l’arrêt d’autobus et regarde passer
le premier devant moi. Un peu stressé de mon tromper dans la procédure, je
préfère attendre le deuxième… Voilà! J’embarque, je tends mes 3 € et je
m’installe à la fenêtre. Sur le siège où je m’assois, je prends le journal du
matin, C’est le Metro; même titre
qu’à Montréal. Ça me rassure sur le caractère toujours aussi international de
la mondialisation!
Comme je me suis pratiqué la veille, en
arrivant à la station centrale, je retrouve mes repères visuels pour me rendre
au campus. Je regarde l’heure. Il est 12h47. C’est à ce moment que je me
demande à quelle heure est-il socialement acceptable d’arriver. Les Finlandais
sont si ponctuels qu’un retard de deux minutes mérite un appel à la personne
qui nous attend. Mais, est-ce socialement acceptable d’arriver 9 minutes à
l’avance? Je ne veux pas bousiller ma première impression… En même temps, je ne
voudrais pas que Pr me voit faire le piquet sans que je le sache près de
l’université… Voilà autant de questions qui me viennent en tête en cette
première matinée où ce premier contact joue un rôle déterminant dans la suite
des choses. C’est décidé, j’irai cogner à 12h56. Comme cela, je ne la dérange
pas trop en avance et j’ai l’air à l’heure.
Combien de coups? Toc toc-toc-toc-toc toc!
Pr Uitto m’ouvre la porte et me prie d’entrer, petit sourire de bienvenue au
coin du visage. En fait, il s’agit d’un grand sourire pour une Finlandaise si
je me fie aux gens que je croise dans la rue. Enfin! Après des échanges de
courriels et un appel Skype qui a fait des siennes en entrecoupant notre
conversation, nous sommes là, face à face!
Pendant cette rencontre, nous regardons mon
CV, les textes que j’ai écrits, mes expériences et mes intérêts de recherche.
Nous discutons du Canada, bien assez rapidement du Québec, de la Finlande, de
l’école québécoise et de l’école finlandaise. Bref, ça va bien! Nous allons
manger ensemble à la cafétéria. Elle me présente à quelques collègues au
retour, dont une professeure grecque qui est de passage pour quelques mois.
Nous nous asseyons 30 minutes dans le bureau du directeur du département pour
jaser. Nous revenons ensuite à son bureau pour une deuxième ronde de
discussion. Le temps passe. Mon anglais se porte toujours bien, mais je
commence à ressentir la fatigue, surtout linguistique. Le marathon de la
première journée se termine finalement à 18h. Toute une première!
Parmi les discussions les plus fertiles,
celle au sujet de leur système éducatif. Il faut dire que la Finlande jouit de
la meilleure réputation en matière d’éducation dans le monde. Et, lorsque j’ai
appris les caractéristiques de ce système, ça m’a renversé! Chose certaine, je
me suis replongé en quelques secondes en 2012 au cœur du Printemps étudiant.
Vous serez surpris d’apprendre tout ce dont j’ai à vous dire à ce sujet, j’en
suis convaincu! Il y a tant de matière à discussion que j’y consacrerai à coup
sûr un article entier. Je devrai toutefois choisir le meilleur titre parmi ceux
qui me viennent spontanément en tête…
-
Même pourcentage du budget alloué à l’éducation au Québec et en
Finlande : pourquoi un si grand écart?
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Quand un taux de diplomation de 95% au secondaire sème la panique
générale en Finlande
-
La justice sociale en éducation : le modèle qui enrichit la
Finlande
-
Histoire d’un pays sans école privée
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Les pèlerins de l’éducation dans le monde se donnent rendez-vous en
Finlande
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Pour en finir avec le discours néolibéral
-
Et si les étudiants avaient eu raison en 2012…
Bref, je vous promets d’en reparler après
ma première visite dans une école!
Mercredi 16 avril. Mon deuxième jour à
l’Université de Helsinki commence à 9h30 avec un rendez-vous avec une agente
administrative. Celle-ci s’occupe de moi à la perfection. Je prends alors
possession des clés de mon bureau, de mes codes d’accès internet et de ma carte
de location à la bibliothèque. Je m’installe donc dans mon nouveau bureau. Je
le partage avec un Sud-Coréen, une Grecque, la même qu’hier, un Finlandais, un
Ghanéen et une Camerounaise. Bref, notre espace de travail s’avère très
multiculturel! Ce qui est certain, c’est que je serai bien installé!
Cette deuxième journée me permet
d’apprécier davantage l’environnement physique qui m’entourera pendant les
prochaines semaines. Le pavillon dans lequel je travaille joue sur deux
époques. Je me trouve dans l’ancien pavillon de chimie dont la construction
remonte à la fin du 19e siècle. Autour des années 2000, une
construction est venue agrandir ce pavillon pour lui donner des airs modernes
et antiques. Dans les corridors, on passe donc du désign contemporain au cachet
de l’époque. Car, en plus d’abriter les classes de chimie, le vieux bâtiment
accueillait également les professeurs de cette discipline qui y vivaient avec
leur famille. Je vous assure que le dépaysement est réussi!
Pendant l’heure du diner, j’entreprends
d’acheter ma liberté! De quoi est-ce que je parle? Déterminé à rester en forme
et à ne pas être dépendant des transports en commun, quoique très efficaces
ici, je pars à la recherche d’un vélo. Je trouve finalement un magasin où il
reste un seul vélo de seconde main. Il est rouge, à trois vitesses, doubles
freins, petit panier à l’avant; il est pour moi!
Depuis deux jours, je vous garantis que mon
vélo m’a élargi le sourire. Bien que le bonheur m’ait suivi depuis Montréal, ma
nouvelle acquisition a décuplé mes possibilités. Je peux dépendre que de
moi-même, découvrir de nouveaux endroits, me tromper dans mes déplacements sans
problème et bien plus encore…! Je me promène en espérant que les gens voient
mon bonheur d’être assis sur ce siège lorsque je roule. En fait, je crois que
je me sens davantage des leurs à la fois. Parce que, bien qu’on soit étranger dans
un pays, on a toujours besoin sentir que l’individu que nous sommes fait lui
aussi partie de ce grand collectif.
Je vous laisse sur ces quelques moments de
ma grande rentrée à l’Université de Helsinki. Je m’en vais maintenant en ville,
sur mon vélo, découvrir la procession de la croix à l’occasion de ce Vendredi saint.
C'est drôle toutes les photos que tu prends sont dénuées de gens. On dirait que tu es seul dans une ville fantôme!
RépondreSupprimerHaHaHa! Je crois que cela reflète davantage un petit malaise à prendre des photos des gens, surtout au cours de mes premières journées à l'université. Comme les gens ont quitté les lieux très tôt pour Pâques, j'en ai profité. Mais, je promets que les Finlandais apparaitront bientôt sur les photos!
SupprimerAllo J.P.
RépondreSupprimerVraiment désolée d'avoir manqué ton appel...soyez pas jaloux c'est ma fête aujourd'hui et de si loin je suis très touchée de recevoir tes voeux en finnois...quel joli mot...finnois!
Et que tu vas en apprendre des jolies choses, rencontrer des belles personnes, découvrir des paysages nouveaux. Je pense souvent à toi et je trouve que ça fait chic de dire que le chum de mon fils est à Helsinki pour son doctorat...Hi hi hi!
J'adore te lire, merci de ta grande générosité.
Salutations de la part de Walter
Gros bisous xx
Yé beau ton bicycle !
RépondreSupprimerRouge, le vélo. Est-ce que c'est un hasard? :-)
RépondreSupprimerC'était le seul vélo usager restant. Mais, je suis tombé sur un fidèle compagnon. Pourquoi cette question sur le rouge? Intrigant...
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